Association Algérienne du don d’organes, de tissus et de cellules pour la transplantation Biloba (ADOB)
25-05-2019 LIBERTE
Le geste de la famille du défunt donneur à l’honneur
Unanimement saluée, cette famille a fait preuve d’une grande noblesse, de générosité et de bravoure.
Pour la première fois en Algérie, une équipe médicale pluridisciplinaire du Centre hospitalier universitaire Ben-Badis de Constantine est parvenue, dans la nuit de mardi à mercredi passé, à effectuer avec un grand succès, une intervention de prélèvement multi-organes (reins et foie), sur un patient décédé à l’âge de 59 ans, victime d’un accident cardiovasculaire.
Un prélèvement suivi immédiatement par trois opérations de greffes des reins, réalisées au CNMS à Alger, et la seconde à Batna, s’agissant de greffes rénales. La troisième intervention qui concerne la greffe hépatique (foie) a été, quant à elle, réalisée à l’hôpital militaire Abdelali-Benbaâtouche de Constantine. Pour cette dernière, il s’agit aussi d’une première effectuée à partir d’un donneur algérien. Des exploits rendus possible grâce au prélèvement multi-organes coordonné par le professeur Boudahene Omar, médecin-chef au service de réanimation médicale du CHU de Constantine et sous l’égide de l’Agence nationale de greffe. La particularité de ce don réside, selon Makhloufi Hichem, anesthésiste réanimateur des urgences chirurgicale du CHU Ben-Badis en “le prélèvement des reins et du foie sur un patient victime d’une mort encéphalique et d’enchaîner avec une greffe hépatique (foie) et deux greffes de reins. C’est la première greffe hépatique à partir d’un donneur en situation d’un coma dépassé en Algérie, effectuée par une équipe 100% algérienne.
C’est un vrai travail d’équipe qui fait intervenir l’ensemble de la structure, autrement dit, le chauffeur de l’ambulance est aussi important que le réanimateur. C’est un projet qui nécessite une coordination assez précise”. Le processus de ce genre d’interventions commence à partir de la déclaration de la mort encéphalique, c’est-à-dire, directement après l’accord des proches. “En 48 heures, tout le monde était mobilisé, car la mort encéphalique est une course contre la montre parce qu’on risque d’avoir la mort cardiaque à n’importe quel moment.
Tout le monde voulait que cette opération réussisse ; de l’Agence nationale de greffe qui a mobilisé l’ensemble de ses moyens ou du CHU de Constantine où l’ensemble de l’équipe de réanimation médicale ; résidents, assistants, et chirurgiens étaient prêts”, explique-t-il. La noblesse du geste de la famille du défunt donneur est saluée par tous : “Bien sûr, cela ne serait jamais arrivé sans le consentement et l’accord de la famille du défunt donneur qui a fait preuve d’une grande générosité et de bravoure.” Il y a lieu de relever qu’actuellement en Algérie, il existe plus de 22 000 malades dialysés qui attendent un projet thérapeutique et plus de 6 000 malades hépatiques dont la seule alternative est la greffe.
Et comme l’explique docteur Makhloufi Hichem, “l’avenir et la seule alternative thérapeutique qui peut tenir la route et aussi régler le problème de la santé publique c’est le prélèvement à partir du donneur décédé. Parce que la greffe à partir d’un donneur vivant est très limitée et risquée à la fois”. Pour lui, le problème réside dans la réticence des familles algériennes pour le don d’organes. “Il est clairement nécessaire de travailler de façon sérieuse sur l’instauration par tous les moyens possibles de la culture du don d’organes en Algérie, car il reste la seule façon thérapeutique efficace constituant, aussi, la seule chance de survie d’un nombre important de malades de tous âges et représente également une seconde naissance pour les personnes greffées”, dira le Dr Makhloufi.
Ce dernier insiste de ce fait sur l’importance de l’implication de la société dans le processus du don d’organes, de la formation spécifique du personnel qualifié et de la relation entre donneur et receveur. “Le message le plus important, c’est la sensibilisation du grand public qui a souvent de fausses informations sur ce sujet. Par exemple, une grande partie de la société ignore que ce genre de processus se fait dans l’anonymat total alors que la famille du défunt donneur sera renseignée et accompagnée tout au long de cette opération”, expliquera-t-il.
Ines Boukhalfa LIBERTE 25-05-2019
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