Don d’organes : L’association Biloba plaide pour l’enrichissement du texte de loi

En dépit d’énormes progrès de la science qui permettent aujourd’hui de sauver de nombreuses vies, grâce à un don de sang, de tissus ou d’organes, on constate en Algérie que la greffe et le don d’organes sont à l’état embryonnaire et insuffisamment développés. 

En 26 ans, on arrive à peine à atteindre le tiers des greffes rénales réalisées en France en une année. En un mot, les 12 centres réunis arrivent tout juste à réaliser ce que réalise un seul centre performant en Europe ou aux USA sur une période de 12 mois. Pourtant, les besoins chez nous sont grands, et les receveurs potentiels figurent sur de longues listes d’attente. Ils sont près de 16.000 insuffisants rénaux en hémodialyse et en attente d’une greffe en Algérie.

La demande de transplantation rénale n’est satisfaite chez nous qu’à hauteur de 10%, à l’échelle nationale. Il faut savoir qu’en Algérie, vu nos conditions socioculturelles et certaines contraintes organisationnelles, les activités de prélèvement sur sujet décédé restent difficiles à promouvoir.
La greffe à partir du donneur vivant apparenté choisi au sein de la famille du patient constitue, à l’heure actuelle, pratiquement 100% de l’activité de greffe rénale et 100% de l’activité de greffe hépatique, seules greffes vascularisées pratiquées. Selon un sondage réalisé sur l’Algérois, 83% des personnes interrogées seraient favorables aux dons d’organes.
Mais seulement 50% d’entre elles sont disposées à donner. 30% y sont favorables sans pour autant vouloir un jour être donneuses d’organes.
Les appréhensions vis-à-vis de ce geste,  le manque d’informations, les contradictions des religieux sont des obstacles majeurs pour le développement du don d’organes.
Pourtant, l’État n’a ménagé aucun effort en vue de mettre en place les cadres juridiques liés au don d’organes, autant que le ministère des Affaires religieuses qui a prononcé une fatwa à ce sujet.
Cependant, la culture algérienne et les  préjugés de notre société n’encouragent pas assez un tel acte de bienfaisance.
L’association nationale pour la sensibilisation des citoyens  au don d’organe Biloba, qui ambitionne justement de briser les tabous concernant cette question et qui fait un travail de terrain pour la sensibilisation des citoyens à l’importance du don d’organes, durant leur vie ou après leur mort, estime, à travers son vice- président Abderrazak Zebboudj, intervenu en juin dernier sur les colonnes de notre journal, que l’absence d’associations militant dans le domaine du don d’organes, le faible taux d’information des concepts «donneur vivant» versus «donneur en état de mort encéphalique», l’absence d’une position claire des leaders religieux algériens concernant ces concepts, une méfiance du grand public à l’égard des opérations du don d’organes, du trafic d’organes, et surtout l’absence d’informations sur l’état des lieux de la transplantation qui est pratiquée de manière sporadique et peu structurée constituent les raisons du retard enregistré dans cette activité médicale.
M. Zebboudj se dit «prêt à collaborer pour soumettre des propositions aux autorités concernées par notre travail sur le terrain».
«En effet, nous considérons qu’il est souhaitable d’apporter quelques précisions à la loi qui existe déjà dans ce sens, et nous estimons qu’il y a, quelque part, un vide juridique», ajoute-t-il.
Le vice-président de l’association considère qu’«il serait souhaitable de préciser, par exemple, qui peut donner un organe à qui, et, également, dans quel cadre devrait se faire ce don-là. Aussi, et après la mort de la personne qui promet le don, il est important de souligner quel est le type de consentement que nous voulons entreprendre». Rappelons que la loi 90-17 du 31 juillet 1990 est venue modifier et compléter la loi précédente où des amendements ont été apportés, en particulier concernant le prélèvement d’organes sur des cadavres. Un alinéa a été ajouté à l’article 164 afin de faciliter la procédure et de permettre le prélèvement de cornées ou encore de reins sans l’accord du vivant du défunt ou de sa famille, dans le cas où «le délai entraînerait la détérioration de l’organe à prélever, ou si l’urgence de l’état de santé du receveur de l’organe l’exige».
L’article 165 vient naturellement interdire «de procéder au prélèvement de tissus ou d’organes en vue d’une transplantation, si la personne, de son vivant, a exprimé par écrit une volonté contraire».
Il n’y a donc pas d’empêchement légal pour le prélèvement de greffons à partir de cadavres. Pour l’association Biloba, la loi devrait étendre cette possibilité de prélèvement à tous les organes susceptibles d’être greffés (foie, cœur, etc.).
Farida Larbi

L’Institut du rein prochainement opérationnel

Pas moins de 1,5 million d’Algériens souffrent d’insuffisance rénale, dont le quart est en attente d’une greffe, a indiqué le professeur Tahar Rayane, chef de service néphrologie au CHU de Blida. Selon ce spécialiste, l’insuffisance rénale, qui est une maladie chronique, affecte de plus en plus d’Algériens. Sur les 1,5 million de malades, un quart de ces patients sont arrivés au stade terminal de l’affection et nécessitent une greffe de rein. Il a dénombré en outre 18.500 malades qui sont pris en charge dans 300 centres de dialyse à travers le pays.
Il a indiqué à cet effet que la fréquence du diabète et de l’hypertension artérielle demeure parmi les premières causes de l’insuffisance rénale en Algérie. Dans les stades graves de la pathologie rénale, le spécialiste a noté que le recours à la greffe est vital, précisant, de ce fait, l’importance de sensibilisation de la population sur le don d’organes à partir de donneurs cadavériques. À ce sujet, le spécialiste a fait savoir que depuis 1986, seulement 1.000 greffes rénales ont été effectuées en Algérie.
Il a, dans ce sens, rappelé le rôle de l’Institut national du rein, qui est en cours de réalisation, pour promouvoir et développer l’activité du don rénal en Algérie. «Cet Institut, dit le Pr Rayane, qui a pour missions, la formation des médecins à la transplantation d’organes, les soins de haut niveau et la recherche médicale, sera prochainement opérationnel.» Implanté à Blida, l’Institut du rein, finalisé à 90%, a pour but d’assurer des soins de haut niveau aux patients, et de prodiguer une formation de qualité au profit des médecins et infirmiers. Le spécialiste a précisé, dans le même contexte, qu’une centaine de malades ont déjà déposé leur demande pour effectuer une greffe rénale. D’après les statistiques de la Société algérienne de néphrologie, «le nombre de personnes souffrant d’insuffisance rénale peuvent atteindre 25.000 cas en 2020».
Pour prendre en charge cette pathologie qui pose un sérieux problème de santé publique, la greffe d’organes demeure l’unique moyen pour sauver la vie de milliers d’Algériens.
Kamélia H.

 

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27-10-2014

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